Enjeux & co-benéfices – Milieux humides

Publié le 24 avril 2023 - Mis à jour le 27 juin 2023

Thématiques
Lutter contre l'artificialisation des sols et les îlots de chaleur et renaturer
Étapes
Enjeux et co-bénéfices
Pourquoi intégrer l’eau dans mon projet de territoire ?
Document d’urbanisme
PLU(i)

Les milieux humides remplissent de nombreuses fonctions bénéfiques au territoire (rôle d’éponge, d’épuration, d’approvisionnement, de rafraichissement, de réservoir de biodiversité…) ; ce sont des alliés précieux dans l’adaptation et la lutte contre le changement climatique. 

On peut définir un milieu humide comme « une portion du territoire, naturelle ou artificielle, caractérisée par la présence de l’eau. Un milieu humide peut être ou avoir été en eau, inondé ou gorgé d’eau de façon permanente ou temporaire. L’eau peut y être stagnante ou courante, douce, salée ou saumâtre » 1. Ce sont par exemple les mares, les bras morts des fleuves et des rivières. Ce sont aussi les forêts qui bordent les cours d’eau, dites forêts alluviales. Ce sont encore les prés salés, sur le littoral, qui communiquent à la fois avec les eaux douces et les eaux côtières lors des marées.

Le terme de zone humide est défini par l’article L211-1 du  code de l’environnement: « on entend par zone humide les terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, ou dont la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année » 2. Il s’agit d’un sous-ensemble des milieux humides.

Les critères de définition et de délimitation d’une zone humide ont été explicités par l’article R.211-108 du code de l’environnement, afin de faciliter une appréciation partagée de ce qu’est une zone humide en vue de sa préservation par la réglementation :

  • les critères à retenir sont relatifs à la morphologie des sols liée à la présence prolongée d’eau d’origine naturelle et à la présence éventuelle de plantes hygrophiles ;
  • en l’absence de végétation hygrophile, la morphologie des sols suffit à définir une zone humide ;
  • la délimitation des zones humides est effectuée à l’aide des cotes de crue ou de niveau phréatique, ou des fréquences et amplitudes des marées.

La présence d’un élément d’au-moins une des 3 caractéristiques étudiées (botanique, pédologique, hydrogéomorphologique) est nécessaire.

Gestion quantitative : prévention des inondations et des sécheresses

Les milieux humides sont de véritables éponges :

  • ils absorbent l’eau quand elle est abondante, en hiver ou pendant les crues.  Ce sont des infrastructures naturelles pour l’expansion des crues quand ils sont situés dans le lit majeur d’un cours d’eau et ont donc un rôle clé dans la prévention des inondations ;
  • ils restituent lentement l’eau au milieu, après un épisode de pluie ou de crue, ou  quand elle devient rare et permettent ainsi de soutenir les débits, réduire les étiages (c’est-à-dire les plus bas niveaux des eaux) et recharger les nappes l’été.

« Le service régulation des crues n’est plus assuré sur un bassin versant si la surface de milieux humides est inférieure à 7 % de la superficie totale du bassin versant ».

« La fonction de stockage des zones humides peut permettre d’atténuer jusqu’à 60 à 65% des pics de crue pour une proportion de zones humides de 5 à 10% du bassin versant ».

« Sur le Loing amont, l’effet de la raréfaction des zones humides, en particulier sur les affluents rive gauche du Loing, aurait selon certains acteurs aggravé les dommages causés par les événements [inondations] de mai-juin [2016] ».

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3 Voir Agence de l’eau Seine-Normandie, « Les milieux humides du bassin Seine-Normandie, un atout pour atteindre le bon état des masses d’eau », Janvier 2022.

 

Voir Agence de l’eau Seine-Normandie et Délégation de bassin Seine-Normandie, « Mission sur le fonctionnement hydrologique du bassin de la Seine, Rapport au Premier ministre », Novembre 2016, p. 92

 

5 Voir Agence de l’eau Seine-Normandie et Délégation de bassin Seine-Normandie, « Mission sur le fonctionnement hydrologique du bassin de la Seine, Rapport au Premier ministre », Novembre 2016, p. 10.

Qualité des eaux : pouvoir d’autoépuration des eaux et d’interception et décomposition des polluants (matières en suspension, azote, phosphore…)

Les milieux humides fonctionnent comme des filtres qui permettent l’épuration des milieux et contribuent de fait à l’amélioration de la qualité des eaux. Par ailleurs, ces milieux stockent le carbone (de différentes manières selon le type de milieux humides, dans le sol et/ou par la végétation), ce qui atténue le réchauffement climatique.

« Le service d’épuration de l’eau n’est plus assuré sur un bassin versant si la superficie de milieux humides est inférieure à 5% de la superficie totale du bassin versant ».

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6 Voir Agence de l’eau Seine-Normandie, « Les milieux humides du bassin Seine-Normandie, un atout pour atteindre le bon état des masses d’eau », Janvier 2022.

Economie : réduction des coûts

Les milieux humides permettent de réaliser de moindres dépenses d’investissements pour des travaux de protection, la dépollution de l’eau… 

« On estime en effet qu’il coûte 5 fois moins cher de protéger les zones humides que de compenser, après les avoir détruites, la perte des services qu’elles rendent gratuitement».

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7 Voir En immersion, « Championnes toutes catégories, les zones humides sont de retour ».

Biodiversité : réservoir de biodiversité

Par leur diversité et le caractère remarquable des habitats et espèces, les milieux humides sont très riches. Ils abritent notamment 80% des espèces d’oiseaux, 100% des amphibiens, 30% d’espèces rares menacées. Cette biodiversité présente d’autant plus d’importance dans un contexte d’effondrement global de la biodiversité que connaissent actuellement les territoires.

Cadre de vie : rôle éducatif, de ressourcement, et de bien-être

La beauté des paysages et la richesse en biodiversité constitutives des milieux humides en font un lieu éducatif privilégié pour la compréhension des écosystèmes aquatiques et humides. Ils offrent également un cadre de vie agréable aux habitants, participant à leur bien-être et contribuent à l’attractivité du territoire par leur valorisation possible en termes de tourisme vert et de loisirs  : balade, pêche, cueillette, vélo …

Activités économiques : valorisation des prairies humides

Les prairies humides peuvent être valorisées en élevage extensif. Ces prairies procurent au bétail une herbe de meilleure qualité lors des sécheresses estivales.

Santé : Régulation du micro climat local

Les milieux humides participent à l’adaptation au changement climatique, y compris à l’échelle locale en fournissant des îlots de fraicheur, non seulement pour les milieux et les espèces, mais aussi aux populations locales.

« Les zones humides permettent de rafraîchir localement les villes (et sur plusieurs kilomètres grâce au vent) par absorption de la chaleur dans l’eau, dans la terre humide et par évaporation. La baisse de température obtenue varie de 0,5 à 3 °C ».

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8 Voir Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN), « Des zones humides pour les villes de demain : les zones humides, outils d’adaptation des villes au changement climatique », 2018.

Les milieux humides disparaissent et sont sujets à de nombreuses menaces :

« On observe une poursuite de la tendance à la diminution des surfaces de milieux humides du fait des retournements de prairies sur certaines unités hydrographiques du bassin, en Normandie et à l’est sur tout l’amont du bassin de la Seine. L’évolution de trois types de pressions qui s’exercent sur les milieux humides a été étudiée : urbaine, agricole et les gravières. L’urbanisation sur les zones humides potentielles progresse de 7,9 % de 2011 à 2017, notamment sur le Cotentin, sur la zone allant de l’Île-de-France au littoral, et sur les grandes vallées ».9

« Les estimations montrent une forte réduction des milieux humides de l’ordre de 40 à 80% selon les territoires du bassin pendant 2 siècles (notamment dans les années 1960 à 1990 ».10

« Les zones humides fluviales en état « très bon » à « excellent » par leur niveau de fonctionnalité théorique ne représentent que 2,6% de la surface totale des corridors fluviaux à l’échelle du bassin Seine-Normandie, soit une superficie de 214km ». 11

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9 Voir Agence de l’eau Seine-Normandie, « Etat des lieux 2019 », p. 79.

 

10 Voir Agence de l’eau Seine-Normandie et Délégation de bassin Seine-Normandie, « Mission sur le fonctionnement hydrologique du bassin de la Seine, Rapport au Premier ministre », Novembre 2016, p. 87.

 

11 Voir Agence de l’eau Seine-Normandie et Délégation de bassin Seine-Normandie, « Mission sur le fonctionnement hydrologique du bassin de la Seine, Rapport au Premier ministre », Novembre 2016, p. 95.

 

Voir En immersion, « Zones humides : Des bienfaitrices encore menacées ! »

 

Voir En immersion, « Zones humides : Démystification ! »

 

Voir Cerema, « Faire de la nature un pilier de la ville de demain »