Enjeux & co-bénéfices – Renaturation des cours d’eau

Publié le 20 avril 2023 - Mis à jour le 27 juin 2023

Thématiques
Préserver et renforcer les continuités écologiques, Trame verte et bleue
Prévenir les risques naturels
Lutter contre l'artificialisation des sols et les îlots de chaleur et renaturer
Étapes
Enjeux et co-bénéfices
Pourquoi intégrer l’eau dans mon projet de territoire ?
Document d’urbanisme
PLU(i)

Les cours d’eau sont un « écoulement d’eaux courantes dans un lit naturel à l’origine, alimenté par une source et présentant un débit suffisant la majeure partie de l’année » 1. Un cours d’eau en bonne santé c’est un cours d’eau qui peut divaguer dans son espace de mobilité, qui est connecté à son lit majeur voire à ses annexes hydrauliques (bras mort, milieux humides…) limitant en particulier l’effet des crues. C’est un cours d’eau avec des méandres qui offre une diversité de débits et d’habitats favorable à la biodiversité et à la lutte contre les sécheresses. Redonner aux cours d’eau leur forme naturelle, c’est permettre à la nature de faire son travail afin de bénéficier de la multifonctionnalité de ses services !

Références juridiques

1 Article L.215-7-1 du code de l’environnement.

Sécurité et gestion quantitative : prévention des crues et des sécheresses

Les cours d’eau ont besoin d’espaces pour se répandre lorsque le niveau d’eau est haut. Des cours d’eau mobiles permettent ainsi d’atténuer le niveau de l’onde de crue (on parle d’écrêtement des crues) et le risque d’inondation des territoires avals. La préservation des zones d’expansion de crues (ZEC) est en ce sens particulièrement importante puisque les ZEC offrent la possibilité aux cours d’eau de déborder et d’y dissiper leur énergie. Par ailleurs, les cours d’eau qui sinuent et peuvent déborder en cas de crues favorisent l’infiltration de l’eau dans les sols, permettant d’alimenter les nappes alluviales 2 et les zones humides. Cette eau est alors naturellement stockée et peut être restituée lors des étiages (l’été), ou constituer une réserve d’eau naturelle à l’abri de l’évaporation. Tout ce cheminement naturel contribue au grand cycle de l’eau.

References

2 Une nappe alluviale est une nappe d’eau en relation directe avec un fleuve ou une rivière.

Climat et santé : adaptation au changement climatique, meilleure résilience des territoires

Un cours d’eau restauré, c’est une meilleure adaptation au changement climatique. Car la restauration lui (re)donne tous les atouts pour être plus résilient et donc le territoire également ! Des formes fluviales diversifiées protègent la vie aquatique vulnérable aux effets du dérèglement climatique. En rétablissant un accès à des refuges d’eau plus fraîche pour la faune aquatique, on permet aux poissons de survivre là où la température de l’eau est plus basse. Les boisements des berges (ripisylves) limitent l’élévation de la température de l’eau et créent des îlots de fraîcheur pour les riverains.

« La présence d’une rivière favoriserait l’installation d’un microclimat et l’abaissement de 6°-7°C de la température ».

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3 Voir ADEME, « Aménager avec la nature en ville », 2017

Qualité des eaux : pouvoir d’autoépuration des eaux

Les cours d’eau, par l’action et la vitesse de l’eau, ont un rôle d’épuration naturelle. Un lit aux formes diversifiées, alternant eaux rapides et lentes, favorise l’autoépuration et permet de limiter les transferts des pollutions vers l’aval et d’améliorer la qualité de l’eau des cours d’eau. Les passages de l’eau du cours d’eau aux nappes alluviales et vice versa contribuent également à cette autoépuration. 

Près de la moitié des eaux de la Seine à l’estuaire ont transité par les nappes.4 

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4 Voir Rapport au Premier ministre, Mission sur le fonctionnement hydrologique du bassin de la Seine, p. 7

Biodiversité : réservoir de biodiversité et continuité écologique

Les cours d’eau en bonne santé abritent une biodiversité riche, favorisant la création et le renouvellement des habitats pour la flore et la faune des milieux aquatiques (poissons et oiseaux notamment) et permettent le retour d’espèces emblématiques ou de poissons migrateurs, comme le saumon. Leur espace de mobilité assure un rôle primordial pour la fonctionnalité écologique en facilitant la vie et la circulation des organismes aquatiques et terrestres (connexion entre les écosystèmes et habitats).

Cadre de vie : lieu de partage, de ressourcement, et de bien-être

Un cours d’eau en bon état, c’est le gage d’un environnement de qualité, avec une multitude de lieux de bien-être, de détente, de rassemblement entre les riverains. En ville, c’est un peu de nature à proximité, un espace de respiration et de fraîcheur pour les citadins. Pour le paysage, le confort de vie (fraicheur l’été) ou les activités récréatives qu’il apporte, un cours d’eau en bonne santé assure le bien-être des habitants !

Attractivité : zone à fort potentiel touristique et économique

Le cours d’eau est une composante essentielle d’un paysage « nature », de plus en plus recherché (impact sur l’attractivité du territoire). La beauté des paysages aquatiques donne une valeur patrimoniale au territoire. La restauration d’un cours d’eau peut donc être à l’origine d’un projet de « marketing territorial ». Un cours d’eau restauré peut être associé à un développement économique durable du territoire (tourisme vert, agriculture, pêche, baignade, sport d’eaux vives, observation de la nature, découverte culturelle, restauration et hôtellerie…).

Economie : prévenir pour réduire les coûts

Ce sont également des économies réalisées sur les finances locales ! Par exemple, un cours d’eau privé de ses galets, à cause des barrages ou des extractions, s’enfonce. Laisser les sédiments circuler, c’est éviter l’effondrement des ponts et des berges et faire  des économies d’entretien.

« La comparaison de scénarios de gestion montre que, sur le long terme, la restauration des rivières est souvent la solution la plus économique et la plus favorable à l’environnement ».

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5  Voir En immersion, « 7 bonnes raisons de restaurer un cours d’eau ».

Quels sont les impacts des aménagements ?

Les services rendus au territoire par les cours d’eau sont fortement liés au maintien de l’espace de mobilité et de la continuité des écoulements. Or l’artificialisation et l’aménagement des cours d’eau ont des impacts considérables sur ces services. 

L’altération des formes

L’homme a souvent modifié la géométrie des cours d’eau en les façonnant en longueur et en largeur pour en recalibrer le tracé. Dans un cours d’eau au tracé rectifié (donc artificiel), l’eau va plus vite que dans un cours d’eau sinueux.

Cette vitesse a pour conséquence de creuser le lit du cours d’eau par érosion, entraînant de nombreux déséquilibres : aggravation des inondations en aval, enfoncement de la nappe et perte des échanges avec celle-ci (soutien d’étiage, stockage de l’eau), dépérissement de la végétation, effondrement des berges…

L’altération de la continuité écologique (continuité écologique longitudinale)

Les aménagements effectués sur les cours d’eau ont eu des conséquences néfastes sur les flux.

Par exemple, les barrages et autres seuils (notamment réalisés pour alimenter des moulins ou pour assurer la navigation) bloquent la circulation naturelle des graviers, galets, rochers… ces matériaux font défaut à l’aval du barrage et provoquent une érosion plus forte du lit et des berges.

A l’amont du barrage, les sédiments piégés recouvrent les galets, graviers… présents naturellement sur les fonds des cours d’eau. Cela colmate le lit du cours d’eau et réduit le phénomène d’autoépuration, réchauffe les cours d’eau (eau stagnante) et rend les cours d’eau moins vivables pour la faune et la flore. Ils constituent également un obstacle pour le franchissement des espèces piscicoles migratrices, les empêchant d’atteindre leurs zones de reproduction ou de croissance.

L’altération de la connexion avec le lit majeur (continuité écologique latérale)

Les cours d’eau sont naturellement reliés à des zones humides, des bras morts, des nappes phréatiques… formant des milieux interdépendants dont l’équilibre est aussi fragile que précieux. Certains aménagements (par exemple des merlons de curage) ont rompu ces liens entre différents milieux, perturbant les échanges avec le lit majeur, ce qui provoque notamment l’accélération des crues.

En savoir plus

Voir En immersion, « Quelles sont les 4 fonctions d’un cours d’eau ? »

Voir En immersion, « 7 bonnes raisons de restaurer un cours d’eau »

Voir Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, « Redonnons libre cours à nos rivières ! »

Voir Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, «  Et si la rivière redevenait un atout pour mon  territoire ? »

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